vendredi 8 juin 2018

« L’iconographie des fêtes de Versailles au XVIIIe siècle : le cas des bals parés (1739-1775) » intervention de Raphaël Masson.


Compte-rendu de l’intervention de Raphaël Masson
(Conservateur en chef du Château de Versailles)
Mercredi 21 Mars 2018, BnF.

Compte-rendu rédigé par Florentin Morel.


A l’occasion de conférences organisées par Sorbonne Université, l’IReMus, la BnF et le centre Châtel, une intervention autour de « L’iconographie des fêtes de Versailles au XVIIIe siècle : le cas des bals parés (1739-1775) » eut lieu au Centre Richelieu de la BnF le mercredi 21 mars 2017 à 14h30. Cette conférence fut animée par Raphaël Masson, conservateur en chef du Château de Versailles et grand spécialiste des fêtes versaillaises. 
Tout d’abord, afin d’éviter toute confusion possible, Raphaël Masson distingua bien la différence entre bals parés et bals masqués. En effet, beaucoup plus rare, le bal paré est un spectacle monarchique, une réception, organisé dans le cadre d’un mariage ou d’un évènement dynastique. Le chercheur en énuméra seulement sept ayant eu lieu au XVIIIe siècle. Ces bals parés furent donnés dans trois lieux différents : le salon d’Hercules, salon le plus spacieux du Château de Versailles, dans lequel des gradins furent installés afin d’accueillir les invités (1739), mais également dans les grandes écuries où un théâtre provisoire fut construit (en 1745 et 1747) et dans l’enceinte de l’opéra royal pour les bals parés suivants. 
Durant son intervention, Raphaël Masson insista sur la stricte codification de ces évènements et détailla leur organisation. En effet, l’organisation des bals parés était placée sous l’autorité directe du roi, déléguant cette tâche à son premier gentilhomme. Les dames de la noblesse et de la Cour y étaient invitées pour assister ou danser. Chaque invitation respectait la hiérarchie sociale et le rang des invités. Les personnes, ne dansant pas, recevaient des cartons d’invitation (dont la couleur changeait selon le placement) pour assister au bal, comme s’il s’agissait d’un véritable spectacle, avec le numéro de porte et l’orientation des gradins. Ce système de contrôle des entrées permettait d’éviter la presse et les personnes étrangères à l’évènement mais également de gérer les flux. 
Le code vestimentaire ainsi que la coiffure à adopter étaient également très codifiés comme l’indiqua le chercheur en citant le texte d’un carton d’invitation : « les dames qui dansent seront coiffées en grandes boucles ». Grâce aux archives de l’époque, Raphaël Masson nous précisa que les dames qui dansaient étaient en « grand habit » et les hommes devaient porter l’habit boutonné et être coiffés de  façon particulière : « les cheveux en cadenette » ou « coiffé en bourse ». Tout ceci fut fixé durant le XVIIIe siècle. 


Du côté de l’exécution musicale, les archives permirent de déterminer le nombre de musiciens engagés pour les différentes occasions, leur répertoire et leur place dans la salle. L’effectif instrumental variait de 50 (en 1739) à 189 musiciens, musiciens pouvant faire partie de la musique du roi ou être musiciens indépendants. Raphaël Masson prit pour exemple l’effectif du bal paré de 1770 comptant 189 musiciens dont 54 venant de la musique du roi et 135 musiciens externes (selon les Archives Nationales). Le chercheur précisa que chaque musicien était rémunéré et costumé. 
L’ordre des danses de ces évènements était extrêmement fixé et suivait une hiérarchie du rang. Le bal commençait tout d’abord par un menuet et nous pouvons également avoir affaire à des danses variées, telles que la courante, la canarie, le passe-pied et la duchesse, suivies par les contredanses. En ce qui concerne les menuets, Raphaël Masson précisa bien qu’ils ne pouvaient être dansés que par des gens de haut rang. Il cita l’anecdote (ayant eu lieu en 1739) d’un danseur ayant invité à danser une femme n’ayant pas le rang nécessaire pour danser le menuet : « Le roi, voyant qu’elle était déjà levée, ne lui fit pas l’injure de la faire s’asseoir mais demanda à passer directement aux contredanses ». Le menuet est la danse du bal paré par excellence.
Raphaël Masson conclut son intervention en soulevant les sources nous permettant d’avoir une idée des musiques pouvant être jouées durant ces évènements. Il énuméra des programmes, des listes d’œuvres comportant des arrangements et des œuvres pour orchestre qui, pour autant, n’ont pas été composées pour la circonstance, ainsi que la partition d’un ballet hollandais de 1770.


BnF, département Bibliothèque-musée de l'opéra, CS-4060 (1) 

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