Questions de lexicologie
Isabelle Marchesin et Lionel Dieu
Isabelle Marchesin rappelle l’importance et la valeur
scientifique de création d’un lexique au sein de Musiconis. En effet, la présence des littéraires parmi nos
partenaires impliquait l’introduction d’une recherche dans les textes et non
plus seulement dans les images, malgré le fait que ce dernier point soit la
clef de voûte du projet Musiconis.
L’interdisciplinarité affichée du projet se devait d’intégrer une étude des
termes renvoyant aux instruments de musique dans les écrits médiévaux. Outre
l’offre d’un outil indispensable pour les non musicologues, ce lexique
permettrai également au public de sentir l’évolution du champ référentiel dans
lequel s’inscrivent les instruments. En effet, les références changent d’une
période à une autre et donnent des indications sur le contexte intellectuel et
anthropologique dans lequel elles s’expriment. Une mise à plat lexicale
s’impose alors et participe à la valeur du projet.
Trois langues ont été retenues pour la réalisation de
ce lexique : le latin en privilégiant les références médiévales aux
références antiques, la langue d’oïl et la langue d’oc, autrement dit l’occitan
médiéval. Ces trois langues pourront être interrogées en parallèle et elles
auront toutes une correspondance en français moderne. Pour éviter les problèmes
d’erreur de signification, les dictionnaires modernes d’où seront issues les
définitions et correspondances avec le latin ou l’ancien français seront
renseignés. Il y aura ainsi deux références pour chaque terme : le texte
médiéval d’où le mot est issu et le dictionnaire moderne qui l’a référencé.
L’ampleur de la tâche étant déjà importante, nous ne prendrons pas le risque de
proposer une définition ; les personnes intéressées pourront alors se
reporter aux dictionnaires. Quant à l’étymologie, Xavier Fresquet propose
d’établir un renvoi au Centre National de Ressources Textuelles et
Lexicales en ligne, en réalisant des
liens entre nos termes et leurs étymologies.
Plusieurs problématiques entrent en ligne de
compte : la polysémie et l’extrême plasticité de la terminologie mais
aussi de ses significations. Les correspondances avec le visuel et
éventuellement avec l’auditif. En ce qui concerne le visuel, la décision est
prise d’ajouter la possibilité aux consultants du lexique d’afficher toutes les
fiches de la base renvoyant à un terme précis. Pour l’auditif, nous verrons par
la suite s’il est possible d’enregistrer quelques secondes de musique pour
faire entendre le son de chaque instrument.
À propos du latin, Nicolas Meeùs nous met en garde contre la difficulté de faire coïncider un terme à un instrument
précis en français moderne. Isabelle Marchesin ajoute que la primauté de la
littérature patristique dans les écrits du haut Moyen Âge en particulier,
induit une juxtaposition de deux contextes intellectuels : l’héritage de
la tradition littéraire antique et la réalité musicale médiévale. Le problème
étant de pouvoir entrer dans un contexte cognitif particulier pour mieux saisir
l’importance de l’univers musical dans lequel évolue la lexicologie correspondante.
À propos de l’ancien français, Jean-Marie Fritz a
indiqué plusieurs références bibliographiques sur la terminologie des
instruments de musique : notamment les travaux de Pierre Bec (pour
l’occitan) et trois thèses allemandes (pour la langue d’oïl), ainsi que divers
dictionnaires. La décision est d’ailleurs prise de concentrer notre travail sur
la recherche des termes dans les dictionnaires (le Godefroy pour l’ancien
français notamment) en privilégiant ceux qui citent la source médiévale. De
fait, les citations d’où seront extraits les termes ne seront pas transcrites.
La représentation du son étant le thème
majeur du projet Musiconis, incluant
ce qui se rapporte à la vocalité et à l’orchestique, la décision est prise
d’organiser le lexique en quatre grandes parties :
- l’organologie, les accessoires et la
fabrication des instruments
- ce qui est de l’ordre de la performance
instrumentale
- ce qui est de l’ordre de la performance
vocale (cris et parole inclus)
- le corps en mouvement musical,
autrement dit l’orchestique.
De
fait, outre les noms d’instruments, le lexique sera ouvert aux différents cris
et à la façon de crier, tout en délaissant les interjections beaucoup trop
nombreuses et à la variabilité quasi infinie ; aux différents types de
musique (mélodie, sonnet, lai, etc…), aux différents types de danse.
L’APEMUTAM ayant déjà créé un lexique pour les
instruments de musique dans toutes les langues (anciennes comme modernes),
celui-ci nous servira de base. Le lexique de l’APEMUTAM fonctionne avec la
collaboration de plusieurs personnes différentes et permet la validation des
entrées par un ou plusieurs administrateurs. La citation obligatoire et la
présence de nombreuses langues, ce lexique est une entité propre possédant des
qualités intrinsèques ; de fait nous ne souhaitons pas le dissoudre dans
le lexique Musiconis. Les deux
entités resteront indépendantes, même si les termes ne figurant pas dans le
lexique de l’APEMUTAM seront ajoutés suite au travail pour Musiconis (avec cependant une absence des citations primaires). En
outre, le lexique Musiconis
intégrera ce qui est de l’ordre de la performance vocale ainsi que
l’orchestique ce qui n’est pas l’objectif premier de celui de l’APEMUTAM dont
l’intérêt est surtout axé sur l’organologie.
Pour enrichir le travail lexical, il sera proposé à
des étudiants en Master d’étudier la terminologie dans certains textes
spécifiques.
Welleda Muller
Welleda Muller
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